naissance
Comme une femme belle, alanguie et lascive
Qui roule et se déroule entre ses deux amants
La plaine s'allongeait entre les bras puissants
Des fleuves qu'agitait la pulsion primitive.
Dans le delta humide où les Dieux sont entrés
Va bientôt se nouer la trame du Destin :
Avec un peu de boue puis d'un souffle divin
Ils ont créé un être et l'ont abandonné.
La plaine est assoupie et l'on entend à peine
Comme un râle léger venant d'un nouveau-né
Dont les yeux et l'esprit sont encore fermés
Et que baigne en rêvant une lune sereine.
Quand l'être abandonné sort enfin du sommeil
La nuit qui est paisible enlève son manteau
Et la vie qui s'ébroue va s'élancer bientôt
Pour glorifier le jour et son astre vermeil.